dimanche 15 juin 2008

La victoire de la démagogie

La démagogie vient de remporter une grande victoire. Le NON franc des Irlandais au Traité de Lisbonne démontre largement que le référendum est la meilleure arme des démagogues de tous poils. Entre les anti-avortements, les "anti parce que je suis contre", les "notre liberté d'abord" et les "c'est pas assez social", c'est à qui en ajouta une couche pour rejeter le projet sur une lecture tendancieuse, voir fallacieuse de tel ou tel article du texte proposé.
À tous ceux refusant le verre à moitié vide, je voudrai dire que le verre à moitié plein aurait suffit à étancher la soif de beaucoup plus encore, quitte à retravailler par la suite tel ou tel aspect du projet. Rien n'est jamais gravé dans le marbre, ni les traités, ni les suffrages. Les petits pas bien assurés valent certainement mieux qu'un grand soir. C'est ce que fait l'Europe depuis le début, et il est urgent de continuer.
Et que dire de ceux qui considèrent les autres comme des crétins en affirmant : "98% des Irlandais sont incapables de comprendre un tel texte". Est-ce à dire quel seul 2% de ceux qui ont voté l'ont fait en connaissance de cause?
Qu'une certaine gauche française crie victoire relève autant de la forfanterie que de la récupération hâtive tant ce vote ne reflète pas un "NON de gauche".
Il est tout aussi évident qu'il est déraisonnable de vouloir une réponse par OUI ou par NON à un texte de 30 pages. Nous voilà donc bien au-delà des limites de la démocratie directe. Ce n'est pas pour rien que toutes les démocraties élisent des Parlements. Par ce fait, nous déléguons à des chambres sensées délibérer dans la sérénité pour adopter des lois dans l'intérêt général. Ce n'est pas un déni d'intelligence du citoyen que de l'affirmer, c'est au contraire une grande défiance envers certains tribuns à même de le tromper (L'Histoire en est pleine). Les parlements, s'il sont libres, sont les modérateurs de la démocratie, et seuls à même de conduire des projets aussi complexes que la construction européenne.

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