vendredi 22 février 2008

laïcité ou anticléricalisme?

Défense de toucher à la loi du 9 décembre 1905.
Il faudrait pourtant en parler (et la relire avant d'en parler).
Cette loi a surtout concrétisé la spoliation par l'État des biens des Églises par référence aux confiscations de l'An X.
Quant à la séparation de l'Église et de l'État, il faudrait s'entendre : Conformément à cette même loi (§13), la plupart des établissements de culte sont propriété publique, sont entretenus au compte des contributions (généralement) municipales, et pourtant les religieux les occupent et y célèbrent offices et rites sans contre parti.
Enfin, à mon avis, en tant que tel, la construction d'un édifice public n'est pas une subvention à un culte, même si des offices religieux y sont tenus, ou alors il faut préciser ou est la limite entre l'entretien et les reconstructions au nom du Patrimoine qui ont suivi les derniers conflits. À ce titre, il faudrait aussi bannir toute chapelle ardente et lieux plus ou moins œcuméniques installés dans les hôpitaux publics par exemple.
La volonté inconditionnelle de figer cette loi et de n'en considérer que les premiers articles ressemble plus à de l'anticléricalisme qu'à de la laïcité.
Et là, nous abordons les rives de la pensée imposée digne des pires dictatures.

être & avoir

J'ai envie de rebondir sur le projet de retour aux fondamentaux à l'école primaire pour souligner combien cela me semble important et urgent. Je pense en effet que des dizaines de promotions d'élèves ont été privées d'une acquisition satisfaisante de la langue française.
J'en veux pour preuve la confusion permanente à tous les niveaux de la société par beaucoup trop de personnes (des journalistes, des politiciens, des enseignants eux-mêmes) entre les verbes être et avoir. Quotidiennement nous entendons "j'ai été à Paris", par exemple alors qu'il est évident qu'il faut écrire et dire "je suis allé à Paris".
Cette confusion entre être et avoir est lourd de sens : lorsque l'avoir a la prééminence sur l'être, il ne faut pas être surpris que l'être passe par l'avoir. Autrement dit pour être (exister), il faudrait avoir (posséder). Je laisse aux philosophes de tous ordres le soin de développer thèse et antithèse sur le sujet, mais il me semble que la confusion du sens conduise à une perte de sens.
Ce retour aux fondamentaux dans l'enseignement primaire est donc un espoir de retour de sens.
Cette option est donc à soutenir.

samedi 16 février 2008

Le bal des perdants

Le peuple a choisi un projet politique en élisant un Président et un parlement.
Un certain nombre de politiciens ont été écartés de ce projet par les urnes ou s'en sont volontairement dissociés.
Depuis quelque temps, ils participent sans mesure, mais chacun dans leur coin, au lynchage  médiatique du gouvernement en général et du Président en particulier.
Dernière nouveauté, une pléiade d'anciens hauts dignitaires et ministres de tous bord , mais tous perdant des urnes, se sont coalisés pour produire un pamphlet contre les élus de la république, et du Président en particulier. Il y serait question d'un coup d'état en douce de la part de ceux que nous avons élus!
Manifestement ce sont de mauvais perdants qui ne supportent pas que des projets prennent forme et risquent de réussir sans eux. Pour renforcer leur argumentation, ils fustigent tout et dans tous les sens. Ici, ils dénoncent la mise en place de commission et de groupe de travail au nom de la perte de temps et d'une présupposée volonté d'enterrer le sujet; là, ils reprochent l'annonce d'un projet de réflexion, qui n'airait pas été précédé d'une réflexion dans un groupe de travail.
J'ai furieusement envi de leur rappeler ces mots d'un parlementaire de gauche à un élu de l'opposition : "vous avez tord car vous êtes politiquement minoritaires".
La presse accompagne ce bal des perdants en en faisant écho avec une ampleur exceptionnelle.
Pitoyable.

samedi 9 février 2008

Pouvoir de nuisance

Pierre Poujade n'est pas mort.

Et pourtant qui s'en souvient?

Les syndicats de taxis viennent de le ressusciter!

Alors que 6 500 personnes dûment formées et diplômées attendent de la corporation de simple droit de travailler, les taxis en sont encore à vendre ce droit des valeurs insensées (jusque 320 fois le SMIC mensuel!), et encore, à condition de remplacer un partant.

Le simple montant de ces licences montre la rareté et la profitabilité de cette profession.

Suite à cette simple constatation et à la proposition de la commission "Attali" de relâcher un peu cet étau, 46 000 individus ont décidé de bloquer les villes au nom de leur liberté. Et bien sûr de se défendre : la difficulté de trouver un taxi ne serait pas le fait de la rareté mais de leur impossibilité à se déplacer malgré les couloirs réservés. Il nous faudrait donc aussi leur céder tout le pavé pour qu'ils soient efficaces (et pourquoi pas les libérer aussi des limitations de vitesse!).

À ma connaissance, les propositions de la commission "Attali" ne sont même pas encore des esquisses de projet de révision de la réglementation de la profession, et les portes sont grandes ouvertes pour toutes formes de discutions et de négociations.

Nous revoici donc face au même pouvoir de nuisance que celui qui a imposé une réglementation des arrêts de travail dans les transports publics. Avant même de demander à discuter, on dresse des barricades.

Quelles formes de manifestation vont devoir trouver les autres professions faisant l'objet de réflexions pour croire obtenir ce droit de négocier qui ne leur a même pas encore été refusé?

Et dire que certains accusent le gouvernement de ne rien faire! Au moindre propos, le corporatisme et l'individualisme ressurgissent et imposent report, table ronde et discussions sur le sexe des anges.

Dans le même temps, la presse ne s'intéresse qu'à la vie privée de notre Président!

mercredi 6 février 2008

Le grand soir durera cinq ans

Nous sommes décidément entré dans l'ère de l'immédiat.
Tout doit être réalisé dans l'instant.
Moins d'un ans après la constitution d'un gouvernement, La Presse et l'Opposition constatent, déplorent, fustigent l'absence de concrétisation des promesses. Il me semble pourtant que les engagements électoraux de notre actuel Président ne précisaient pas ce miracle qui consiste à tout obtenir d'un trait de plume.
Car avant de construire, il faut programmer, organiser, mais aussi et surtout, étudier, interroger, consulter. Donc seules quelques idées évidentes ou largement consensuelles sont d'application immédiate. Les grandes consultations sont réalisées (Grenelle de l'environnement) ou en cours (réforme des régimes spéciaux et clarification du code du travail, commission Attali) ou programmées (financement des protections sociales). Seulement après avoir pris la mesure de tout ceci, il sera temps de réaliser les grands et petits chantiers qui s'imposeront.
Le Grand Soir, dont rêvent trop d'idéalistes qui prédentent penser pour nous, ou tout se réaliserait et d'où sortirait miraculeusement tout le bonheur du Peule ne sera pas, ou plutôt durera probablement cinq ans. Cinq ans pour réorganiser, cinq ans pour reconstruire, cinq ans pour sortir la société française d'une gangue de conservatisme que ceux qui se disent de vrais progressistes ont été incapables de l'en tirer en vingt ans tout en creusant un abîme de dettes.
Cinq ans est-ce trop pour un tel programme?
Patience et ne jugeons sur pièce qu'au terme de l'Œuvre.