Propos tenu par un responsable agricole : « en 2007, avec l’augmentation de la demande internationale qui a entraîné une augmentation du prix du lait, nous étions alors au bon prix. En 2008, la surproduction pose à nouveau problème »
Autrement dit, puisque ce qui est rare est chère, il faut créer et entretenir la pénurie. Je trouve le propos assez inacceptable.
Les prix agricoles ont augmenté de 30% en 2007 et baissé de 20% en 2008. C’est tout de même une hausse de 10% sur 2 ans, ce que peu de particuliers comme d’entrepreneurs peuvent revendiquer en ces temps de crise (crise dont les prix agricoles de 2007 ne sont pas totalement étrangés).
D’autant que, quoi que l’on fasse, il y a matière à critiquer :
L’établissement de quota permet de maintenir un prix de marché élevé avec comme contreparties : un prix défavorable au consommateur, une production limitée contrariant les producteurs les plus dynamiques, lesquels réclament la liberté de produire.
La liberté de produire, et donc la liberté des prix, surtout après une pénurie, conduit à une augmentation de la production, ce qui induit une baisse de prix. Les mêmes qui voulaient la liberté réclament alors l’encadrement.
Qui se souvient des prix yoyo des pommes de terre ou des choux-fleurs dans les années 50 et 60 ? Qu’une année marque une forte hausse des prix, et l’année suivante tout le monde voulait produire, ce qui conduisait imancablement à une chute spectaculaire des cours. 1/2 siècle plus tard, il semble que certains n’aient rien appris !
De plus, il est beaucoup question des prix agricoles, jamais des revenus des agriculteurs. Or, les gains de productivité ne sont pas des légendes. Les gains de productivité ont permis de passer en 2 siècles de près de 50% de la population attacher à l’agriculture à moins de 5%, et cette productivité continue encore à progresser visiblement. Si les prix étaient restés identiques, le pain serait au prix du homard, et les dépenses alimentaires consommeraient encore l’essentiel des revenus.
Enfin, dès le 19e siècle, les agriculteurs se sont regroupés en coopératives pour contrôler leur prix face à des acheteurs pratiquant l’entente. Aujourd’hui, face aux puissantes centrales d’achat des grands réseaux de distribution, ces coopératives semblent impuissantes. Existent-elles encore ? Remplissent-elles encore ce rôle de régulateur ? Les agriculteurs ne se sont-il pas tirer une balle dans le pied en les court-circuitant (pour gagner, quelques temps, quelques sous de plus en vendant directement aux centrales d’achat) ?
Dans une économie mondialisée, il est illusoire de demander à l’Europe, encore moins d’un État, de créer une zone de protection.
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